Les primaires et le primeur

On le savait, les parents d'élèves de l'école primaire Jeanne D'Arc étaient, depuis plusieurs semaines, mécontents. Dénoncant l'absence totale de sorties extra-scolaires pour leurs enfants, ils attendaient "un réaction rapide, ou Jeanne D'Arc ne sera plus qu'un tas de cendres à la fin du mois!", selon les mots de Jean Nardot. "C'est pourtant pas les activités qui manquent à la Croix-Rousse! Ils auraient pu les envoyé à ce passionant "Salon du treillis militaire", par exemple!"
C'est ainsi que, se sentant pris entre deux feux, l'instituteur de la classe de CE2, Roland Boutal, décida hier d'emmener ses élèves visiter une cave, et leur faire faire un apprentissage à l'oenologie.
"C'est dès le plus jeune âge qu'il faut commencer! assurait Roland. Le temps que le palais s'habitue!"
Après la rencontre avec le vigneron Raoul Grosbourbier, et les questions des enfants au professionnel, vint la dégustation. Chacun eu son petit gobelet en plastique, pour le remplir au tonneau. "Alors essayez de trouver tout ce qu'il y a là-dedans les enfants!" dit Roland avec entrain, avalant sa boisson en fin pédagogue.
Les premiers pleurs commencèrent après la premiere gorgée.
Personne n'ayant trouvé les éléments du premier coup, Raoul resservi une tournée, malgré les plaintes des élèves et quelques sanglots.
Amandine Blatte, élève de CE2, témoigne: "Et ben, moi, j'ai pas trop aimé le vin. Y'a que Mr Bouteille (surnom donné affectueusement à Roland par ses collègues) qui a aimé je crois. En plus, j'ai eu peur parce que Mr Bouteille, à la fin, il tapait très fort sur les tables avec ses poings, et il chantait très fort, et il voyait pas que Matthieu et Salim étaient tombé par terre..."
C'est ivre mort en effet que ces deux élèves ont quittés la cave, portés par leur camarades. Il a par contre fallu le SAMU pour Roland Boutal, en proie à de violentes crises de delirium tremens.
"Il remet ça!" nous a simplement confié un infirmier, sans autre explication.
La directrice de Jeanne D'Arc, Mme Gazolin, s'est déchargée de toute responsabilité: "Mr Boutal m'avait simplement parlé d'une "Classe rouge". J'aurais du, il est vrai, me poser la question de savoir ce qu'était une "Classe rouge"..."
Les jours des enfants ne sont pas en danger, et c'est après une nuit agitée qu'ils sont revenus en classe ce matin, avec une belle casquette de plomb chacun, et une nouvelle maîtresse...


Derwich

Le lieu du drame, après la visite...
photo/Kir Burion